Ce soir, la pluie déferle sur le macadam, quelques gouttes s'écrasent à même le velux de ma chambre le vent souffle à torrent. Je sors pieds nus, recroquevillée par la force du vent qui fait s'agiter les volets en bois pour voir par moi - même la force de ces deux phénomènes. Je m'émerveille devant ce beau spectacle. Ensuite, je m'assois sur l'une des trois petites marches du perron devant la maison, je hume la douce odeur de pluie, celle qui fouette et chatouille mon visage par le vent, m'éclaboussant de petites gouttes. Puis, cette pluie cesse petit à petit ainsi que le vent diminue d'intensité au fur et à mesure que le temps passe. L'air y devient plus serein et plus doux. Il fait nuit noire, je me surprends même à rêvasser, perdant toute notion de temps comme à mon habitude. Mais, quelle heure est - il ? Deux heures ? Je n'en ai aucune idée et je m'en contre - fiche d'ailleurs, je me sens bien. Le sentiment de mélancolie m'envahie peu à peu, quelques paroles me reviennent alors, me plongeant dans quelques songes aussi beaux les uns que les autres: « Un jour, j'arriverais sur le quai de gare, le verrais pour la toute première fois ( si nous ne comptons pas les photos bien sûr ), le chercherais du regard sur la pointe des pieds en arrivant, tout sacs à la main, et me ferais surprendre par ses chaleureuses mains; me retournerais pour le contempler et ensuite, lui embrasserais le creu de sa joue comme je l'ai toujours voulu. Il sentirait bon, des effluves que l'on ne peut oublier, et aurait la peau aussi douce, fraîche et hâlée que je me l'imaginais. Une peau couleur de sable doré. Il me dévisagerait de son beau sourire timide et rêveur et me prendrait par la main, pour me serrer tout contre lui. Nous irions tout d'abord me débarrasser de toutes ces affaires légèrement encombrantes, dans son appartement. Puis, nous irions, comme il me l'avait promis, manger une glace à la noix de coco, et tout un tas d'autres d'ailleurs. Puis dans un parc, se rouler dans l'herbe verte comme deux enfants, se dévorant des yeux. La candeur de son sourire me frapperait de sérénité, l'innocence de ses regards serait un enchantement. De légers frissons me parcouriraient le corps. Je m'avancerais dans la pénombre, de petits pas fluets, et tout cela rien que pour avoir la chance de goûter à ses petites lèvres rosies. Il me laisserait l'approcher, son regard étincelant, regarderait en ma direction. Mes lèvres s'approcheraient furtivement des siennes, le temps d'un court instant bien plus qu'agréable, j'aurais la saveur suave de ses savoureuses lèvres. De mes mains frêles, je caresserais avec aisance le galbe de son torse, je sentirais ses mains caressant à leur tour ma nuque, puis mon visage. Ses mains seraient brûlantes et me réchaufferaient rapidement. La suite, serait un enchainement d'actions imprévues: l'embrasement de ces nombreux gestes tendres, nous amènerait progressivement à deux corps ivres de désir l'un pour l'autre, dans une atmosphère ardente et frivole à la fois. Au dessus de nos têtes, une auréole de nuages passerait et nous rappellerais oh combien nous sommes libres. Nos deux corps serrés l'un contre l'autre, nous ramèneraient à l'exquise réalité, frémissant et tremblant de plaisir et d'envie. Les quelques instants suivants, je m'émerveillerais, de cette sublime journée passer à ses côtés, tout en contemplant la nuit noire. Nous nous promènerions ensuite main dans la main jusque tard le soir n'ayant pas vu le temps passé, et ayant perdu toute notion du temps comme à notre habitude. Nous rentrerions ensuite le sourire aux lèvres d'avoir passé une excellente journée ainsi qu'une délicieuse soirée. Une fois rentrés, je commencerais à l'embêter jusqu'à ce que nous nous courrions l'un après l'autre dans l'appartement, se cachant tout deux pour éviter la vague de chatouilles qui menace le premier trouvé. Lorsque l'un de nous deux aura pris l'initiative de chercher l'autre, et que nous nous serions amusés comme de vrais petits enfants, nous irions regarder notre film préféré, l'un des plus beaux films: « Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain », ma tête contre son épaule, j'humerais sa délicate odeur, lui me regarderait et me sourirait de temps à autres durant le film. Pour finir, nous serions tellement fatigués de notre longue et jolie journée, que nous croulerions de fatigue et nous déciderions enfin d'aller dormir, l'aurore se faisant apercevoir. Nous nous regarderions l'un et l'autre un bon moment avant de s'endormir et de songer au lendemain. ». Un courant d'air frais me transperse la poitrine d'un coup et me sort de mes lointaines pensées. Je dois penser à rentrer maintenant, mes paupières paraissent lourdent, mais je me sens comme apaisée. Je fais attention de ne faire que peu de bruit afin d'éviter d'éveiller la maison. Un silence d'or y règne, je monte les marches une à une de l'escalier en chêne avec le plus de délicatesse possible mais le crépitement est bien là. J'arrive à l'entrée de ma chambre, je m'assois, je pense à ses mots, ceux qui me réconfortent et me font sourire tard dans la soirée. J'allume mon PC portable posé à même ma couette, m'allonge à l'intérieur de celle - ci, je ne me suis pas rendue compte que j'étais aussi grelotante, tellement j'étais perdue dans mes pensées. Mon PC indique deux heures quarante - deux. Je regarde une dernière fois autour de moi, je croule sous la fatigue puis m'endors, faisant un songe similaire à mes paisibles pensées.