12 - Que faire du présent lorsque l'avenir nous guette encore ?
J'aime que le temps file entre me doigts comme le ferait un mince filet d'eau. Que ce temps inépuisable, inébranlable et impalpable se meurt entre mes os. Qu'il ne s'immobilise à jamais. Que même le temps d'un songe, d'une réminiscence, il continu de défiler et nous défier, comme à sa douce habitude. Il est le maître, celui de notre passé, de notre présent ainsi que de notre avenir. Lui seul à le pouvoir de nous faire vieillir à son gré, selon ses plus intimes envies. Nous avons tous une horloge réglée à une heure certaine à la place de ce bon vieux coeur.
J'ai besoin de cette mélancolie, celle qui, autrefois, s'éprenait de moi toute entière. Aujourd'hui, elle s'est échappée, pour, entre autre laisser place au bonheur, tant de fois promis. Cependant, ce bonheur est bien trop fictif à mon goût, je ne le ressens pas de manière aussi forte que le précédent sentiment. Je suis creuse de toutes émotions. Je me remémore amèrement la douleur de mes larmes creusant la peau de mes fines joues. L'émotion, elle, était bien là. De par ce spleen, jaillissaient des mots. De toutes sortes. Des mots qui blessent, pardonnent, vibrent, embrasent, déambulent, susurrent, libèrent, divaguent.
Je le sais, ma tendance à moi et de ne jamais donner de nouvelles, partir sans laisser de trace. J'aime mon indépendance, et ma solitude. Cela est plutôt étrange à avouer, mais je me suffit à moi-même. Où presque.
Une seconde fois, je me suis donnée corps et âme, sur un plateau d'argent, je me suis laissée bercer de beaux discours, qui une fois de plus n'étaient qu'arbitraires. Je me suis laissée charmer par son intensité, ses particularités touchantes, ses différences. Cet épisode avait commencé de façon surprenante: nous découvrir par l'intermédiaire de lettres, qui ont eu l'avantage pour l'un et l'autre de déceler, en apparence les nombreux points que nous avions en commun. Ce qui nous a amener à nous désirer de manière très forte par de simples mots.